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mardi 9 mars 2010

Françoise Decroisette: Mémoires inutiles de la vie de Carlo Gozzi





Rival de Carlo Goldoni à Venise, Carlo Gozzi (1720-1806)
est un auteur secret. De lui, le public connaît surtout les fables
théâtrales, ou « fantaisies scéniques » comme il les appelle,
offertes à la troupe d’Antonio Sacchi, entre 1761 et 1765 :
L’Amour des trois oranges, l’Oiseau vert, Le Roi cerf, Le Monstre
Turquin, Turandot, auxquelles la scène contemporaine redonne
toujours vie. Moins célèbre est son autobiographie au titre
étrange, Mémoires inutiles, écrite entre 1780 et 1784 et publiée
seulement en 1797, après treize années d’interdiction.
Titre étrange en effet, propre à décourager les lecteurs
potentiels. Gozzi le premier semble être persuadé de l’inutilité
de son entreprise mémorielle, et affirme modestement douter
d’intéresser jamais un lecteur avec ce long récit de sa vie. Il est
vrai que plus du tiers de l’oeuvre est consacré à disséquer par
le menu un fait divers théâtral, advenu, en janvier 1777, lors
de la représentation d’une de ses pièces, Les Drogues d’amour,
au cours de laquelle un secrétaire du Sénat est publiquement
tourné en dérision. C’est peut-être ce qui a conduit les éditeurs
et les traducteurs des xixe et xxe siècles à prendre avec ce texte
des libertés diverses, à l’alléger de certains passages jugés trop
arides, à polir son style, à l’épurer de ses aspérités et de ses
répétitions obsessionnelles.
Cette nouvelle traduction fait le pari contraire, celui de suivre
le texte gozzien dans son intégralité, pour mettre en lumière
des aspects jusqu’ici occultés par l’édition et la traduction : son
élaboration tourmentée, son histoire éditoriale complexe, son
statut de livre-réquisitoire à la fois désespéré et hargneux plus
que de livre mémoriel. Est ainsi restitué ce qui donne un sens
à l’inutilité affichée de ces mémoires : l’ensemble des textes
argumentatifs que Gozzi rédige, dans le courant de l’année
1797, pour la publication retardée de son oeuvre, alors que
s’écroule une République séculaire.

Cette traduction collective a été réalisée, sous la direction de Françoise
Decroisette, par un groupe de traducteurs universitaires spécialistes
du xviiie siècle et de l’autobiographie. Professeur à l’Université Paris 8,
docteur d’État, Françoise Decroisette codirige à l’université Paris 8 le
Laboratoire d’Études Romanes, et anime depuis 1993 l’équipe Histoire
et Pratiques du spectacle vivant en Italie (xvie-xxie siècle). Elle a traduit
des comédies de Goldoni et de Gozzi, Le Conte des contes de Giambattista
Basile (Circé), et a publié un ouvrage sur Venise au temps de Goldoni
(Hachette Littératures).

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